Bon, avant toute chose, la question qui tue : “Y’en a-t-il parmi vous qui n’ont jamais joué à DoDonPachi ? Voire même, dont les yeux n’ont jamais effleuré des images de ce jeu ?” Oups, vous êtes nombreux ! Ah ben oui, faut dire que c’est un peu normal, on est sur un site dédié à l’Amiga, et sur Amiga, les manic shooters ça n’existe pas…
“Comment ça, les quoi ?” Les manic shooters ou danmaku, rideau de balles en japonnais, vous savez, ce genre de jeux ou quelques fois l’intégralité de l’écran est envahie par des boulettes… “Des quoi ?” Des tirs ennemis si vous préférez. Bon, va falloir vous habituez à ces termes, car DoDonPachi est un manic shooter et comme dans tout manic shooter, il est question d’éviter des dizaines de milliers de boulettes.
Alors je devine que certains amateurs de point & click sont en train de se dire : “Mais c’est quoi ce jeu de bourrin ?”. Alors, à ça je pourrais facilement répondre : “Foutez-moi l’camp d’ici !” ; mais comme je ne suis pas un bourrin, je vous expliquerai que si DoDonPachi a l’allure d’un jeu de bourrin, ce n’est pas non plus un FPS basique genre DOOM 3 et qu’il requiert de la part des joueurs sang froid et dextérité.
J’ajouterais également, qu’en plus de ne pas être un jeu de bourrin, DoDonPachi n’est pas non plus un jeu bourrin. Bien au contraire, c’est un jeu à la jouabilité parfaite, au pouvoir d’addiction immense, très certainement réalisé par des génies, le jeu parfait si vous préférez… Je constate avec amertume que certains se retiennent de rire : “Mouarf, DoDonPachi, le jeu parfait !” Pourtant, vous en connaissez beaucoup des jeux à la jouabilité extraordinaire et qui en plus, peuvent vous scotcher encore et encore devant votre écran, même si vous avez déjà parcourus les premiers niveaux des dizaines et des dizaines de fois… et bien DoDonPachi a ce pouvoir. Oh, j’en conviens, pas sur tout le monde… et bien pour couper la poire en deux, disons que ce jeu est parfait du point de vue shmupesque.
Alors, pourquoi tant de qualité dans un seul jeu ? Eh bien, DoDonPachi est si bien pensé, que même lorsque vous mourez au milieu d’une effrayante marée de boulettes rose bonbon, vous finissez toujours par vous dire : “Arg, j’aurais pu m’en sortir !” Et cela, même en étant à court de pruneaux atomiques. C’est ce qui fait une des forces de ce jeu, c’est la petite lueur d’espoir qui brûle dans le cœur de celui qui vient de se faire atomiser, et qui se dit intérieurement : “Mais euh, t’es qu’une merde, t’aurais pu te frayer un passage au milieu de ce couloir zigzagant de quatre pixels de large…”
“Comment ça quatre pixels de large ? Eh, bougre d’âne, ton vaisseau fait au moins trente pixels de large ! Arrête la picole !”
Eh bien, non, détrompez-vous, je n’ai rien bu, vous avez bien lu; votre vaisseau, malgré sa taille, est capable de se sortir de situations en apparence extraordinairement critique grâce à un des grands principes du manic shooter, la taille de son masque de collision… “Son quoi ?” Vous savez, c’est la zone d’un sprite susceptible d’entrer en collision avec un ennemi ou l’une de ses boulettes. Dans DoDonPachi, le masque de collision, bien qu’invisible, est réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire un disque de quelques pixels de diamètre, situé au milieu de votre vaisseau.
Sachant cela, même si ce n’est pas évident de s’y faire au début, en effet, on a naturellement tendance à vouloir préserver l’intégralité du vaisseau, il est possible de slalomer comme un dingue au milieu d’un nuage de boulettes très dense.
Et des boulettes, si vous voulez éviter de vous les manger par paquets de douze, il va falloir les éviter. Alors rassurez-vous, elles sont toujours très visibles, rose bonbon, bleues, vertes ou jaunes, bien flashis quoi ! Ah ben faut dire qu’il y en a des tonnes aussi, alors pour les éviter, il faut être capable de les discerner plus que correctement. Surtout que votre tir n’est pas mince, car dans tout manic shooter qui se respecte, on part d’emblée avec une puissance de feu respectable, et comme les “Power Up” sont légions, il devient vite surpuissant et visuellement très imposant. Mais ne jubilez pas, il ne l’est jamais suffisamment… Alors, certes, les petits ennemis se font balayer, mais ils arrivent toujours en bande, et souvent accompagnés de gros costauds plus coriaces à abattre. C’est dans ces moments là, que même au maximum de sa puissance, vous trouverez votre armement dérisoire.
Alors, précisons qu’au départ, vous avez le choix entre trois types de vaisseaux : le rouge dont le tir est dirigé vers l’avant, le vert dont les satellites s’orientent suivant vos mouvement latéraux et le bleu, réservé à ceux qui débutent, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas encore fini le jeu en un crédit, et qui non seulement tire devant, mais aussi à 45 degrés sur les côtés.
Tous ces vaisseaux possèdent deux modes d’armement, le tir en rafale qui nécessite d’appuyer répétitivement sur le bouton A et le tir laser qui se déclenche lorsque vous laissez votre doigt appuyé sur ce même bouton. Vous l’aurez deviné, le bouton B sert à larguer un pruneau atomique dévastateur (le plus souvent pas assez…) quand vous ne pressez que lui, mais en mode laser, c’est-à-dire lorsque votre doigt et crispé sur le bouton A, il vous permet de décupler sa puissance et vous rend invincible par la même occasion, tout comme le simple pruneau des familles.
Là où DoDonPachi est un jeu intelligent, c’est que pour faire un maximum de points, il ne faut pas appuyer sur ces boutons n’importe comment…
Tout d’abord, il faut s’avoir qu’en tuant plusieurs ennemis à la suite en mode rafale, vous créez une chaîne de destruction qui vous rapporte un bonus de point d’autant plus conséquent que la chaîne d’ennemis détruits est grande. Seulement voilà, un ennemi détruit est comptabilisé à la chaîne si et seulement si vous parvenez à l’exploser avant que la petite jauge située en haut à gauche de l’écran ne se vide, soit en l’équivalent d’une seconde.
Là où cela devient très intéressant, c’est que sachant que le but est de créer la chaîne de destruction la plus longue possible afin d’obtenir le meilleur score possible, et sachant que certaines vagues d’ennemis sont suffisamment espacées pour “briser” votre chaîne, il va vous falloir ruser, afin de prolonger la durée de vie de certaines vagues afin de pouvoir commencer à détruire la suivante avant la fin du sablier.
La longueur d’une chaîne s’exprime en nombre de “Hits” sous la jauge. Ce nombre s’affiche en rouge lorsque la chaîne croît, mais dès qu’elle vire au bleu, c’est qu’elle est brisée depuis longtemps et il n’est alors plus possible de la prolonger, mais une nouvelle se met en place. Pour info, dans le premier niveau, si lors des premières parties on atteint péniblement les 1.500.000 points, il est possible de monter jusqu’à plus de 3.200.000 points en faisant les plus longues chaînes possibles, c’est-à-dire en jouant intelligemment, donc pas comme un bourrin… CQFD.
Sachez également que si votre laser vous fait ralentir, grâce à lui , vous pouvez préserver votre chaîne le temps d’abattre un ennemi plus coriace, chaîne que vous auriez automatiquement rompu si vous vous étiez attaqué à lui avec votre tir en rafales.
Pour continuer avec le laser, il faut dire qu’il est très utile lorsque vous devez affronter un boss de fin de niveau. En effet, face à ces mastodontes d’acier à la jauge d’énergie honteusement grande, en utilisant votre laser, vous déclencherez un nouveau compteur de “Hits”, qui diminuera lorsque vous ne toucherez plus le boss ou lorsque vous utilisez votre tir classique ou une bombe. Sachez que lorsque la barre d’énergie du boss vire au rouge, il sera bon de déclencher un méga laser afin de le terminer et de maximiser votre nombre de “hits”.
Vous imaginez bien que tout ceci a un but : décupler votre score à la fin du niveau, qui dépendra non seulement du nombre de “hits” atteint face au boss, mais aussi du nombre d’étoiles dorées récoltées lors de votre vie en court.
Inutile de préciser que plus on avance dans les niveaux, plus les boss deviennent monstrueusement difficile à négocier tant le canevas de boulettes qu’ils tissent devant vous peut s’avérer serré, quand il n’y a pas plusieurs grillages de boulettes de couleurs différentes, superposés et adoptant des trajectoires différentes… un régal pour les shmupers, un enfer pour les point & clickers, que je respecte soit dit en passant (j’en ai longtemps fait partie).
J’imagine que tout ceci à l’air bien compliqué au premier abord. Cela doit surtout vous convaincre d’une seule chose, contrairement aux apparences, DoDonPachi n’est pas un jeu bourrin, il est tout l’inverse : bougrement démoniaque, à la jouabilité extraordinaire, aux graphismes somptueux et aux musiques hyper entraînantes. Alors, à vos manettes…
Petits conseils pour appréciez plus rapidement le jeu et pour, accessoirement, s’en sortir :
- Pour jouer convenablement à DoDonPachi, je vous conseille de n’utiliser qu’un crédit à la fois, ce qui signifie que lorsque vous perdez votre dernière vie, il est préférable de recommencer depuis le début afin de ne pas se gâcher le plaisir de la progression naturelle qui découlent des parties successives, mais aussi, afin de ne pas fausser son hi-score qui doit s’obtenir depuis le premier niveau.
- Pour vous sortir de situations en apparence désespérées, utilisez la technique que j’ai nommé le “Fixe & Passe” ; “Fixe” où vous ralentissez, voire stagnez, pour attirer l’attention des ennemis en un point et leurs boulettes, puis “Passe” pour les éviter en remontant sur l’un des bords de l’écran pour redescendre par une brèche naturelle dans le flux des boulettes.
- Préférez la croix directionnelle au stick analogique, car ce dernier permet difficilement les petits déplacements par à-coups, très utiles lors des phases d’affrontement avec les boss et d’évitement, donc, de leurs filets de boulettes.
- Ne vous découragez pas, DoDonPachi est peut-être un jeu dur, mais lorsque l’on commence à effleurer certains de ses aspects, il peut devenir jubilatoire et immensément satisfaisant vidéo-ludiquement parlant… vous comprendrez ce que je veux dire, lorsque vous serez capables de “fixer” et de “passer” les déluges de boulettes des niveaux quatre et cinq, ou lorsque vous sortirez d’une situation en slalomant, sans trop savoir quel chemin vous avez emprunté…
- Si dès le niveau quatre, vous vous surprenez à siffloter la musique tout en slalomant furieusement, rassurez-vous c’est normal, c’est un des effets secondaires de DoDonPachi et apparemment, rares sont ceux qui y échappent.
- Pour ceux qui se savent des réflexes d’extra-terrestre, vous pourrez vous amuser à terminer le jeu en une vie; récupérer toutes les abeilles dorées n’est pas indispensable. Après le boss du niveau 6, vous aurez la chance de pouvoir parcourir une nouvelle fois le jeu en mode dur. Retournez à la fin et après avoir une nouvelle fois vaincu le boss du niveau 6, vous pourrez affronter une abeille géante aux attaques monstrueuses.
Bonne chance à vous…
Ca donne furieusement envie d’y jouer 🙂
Mega Typhoon est le jeu sur Amiga qui se rapproche le plus d’un Manic Shooter et la réalisation est en plus excellente.
Je ne sais pas si tu as vu mais sur http://mag.mo5.com/a-la-une/102535/edito-la-pc-engine-la-console-du-shoot-em-up/ il y a une petite vidéo sur l’histoire des shoot’em up, c’est plutot interessant.
Bon travail en tout cas, merci de partager ta passion.
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Salut Frog, merci pour le lien, je connaissais dėjà cette vidéo très interessante sur l’histoire du shmup. Quant à la PC Engine, en émulation, c’est un régal avec tous les shoots dont elle dispose.
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